[radio_player id="1"]

Le Niger met fin à sa coopération de renseignement avec la Russie et la Turquie

Le Niger a récemment mis un terme à ses accords de coopération en matière de renseignement avec la Russie et la Turquie, alors que le pays fait face à une situation sécuritaire complexe. Cette décision, prise dans la discrétion, a été confirmée par plusieurs sources sécuritaires. La Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) a notamment relevé des insuffisances dans les équipements et l’assistance technique fournis par les partenaires russes et turcs, en particulier dans le domaine de l’interception des communications.

Recomposition des partenariats et rupture avec un prestataire marocain

Pour compenser ces faiblesses, les autorités nigériennes avaient engagé une société marocaine spécialisée dans le renseignement numérique, avec le soutien de l’ARCEP. Toutefois, la découverte d’un lien indirect avec un prestataire privé français a conduit à la rupture immédiate de ce contrat. Depuis la fin de la coopération avec la France, le régime militaire s’est montré particulièrement vigilant à l’égard de toute influence occidentale.

Tensions internes et contexte sécuritaire

La fin de ces accords intervient dans un contexte de tensions au sein des forces armées nigériennes, notamment dans la région de Tillabéri. Des épisodes de désobéissance ont été signalés après la disparition de 135 membres de la Garde nationale lors d’une embuscade attribuée à l’État islamique dans le Sahel. L’absence de réaction du commandement supérieur a suscité un mécontentement, plusieurs unités refusant d’être déployées en renfort, notamment à Ayorou, après la mort de douze soldats à Sakoira. Un commandant régional dépêché sur place a été accueilli par des protestations de ses propres hommes, témoignant de la difficulté à faire appliquer les directives au sein de l’armée.

Situation humanitaire et économique

Sur le plan socio-économique, le Niger demeure confronté à d’importants défis. Près de 45,3 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, un taux qui pourrait diminuer à 35,8 % d’ici 2027, selon la Banque mondiale. En 2025, environ 4,8 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire, dont plus de 3 millions nécessiteront une assistance alimentaire d’urgence. Le pays accueille également près d’un million de réfugiés et de déplacés internes, principalement dans les régions de Tillabéri, Diffa et Tahoua, affectées par l’insécurité.

Repères chronologiques des accords de coopération militaire

  • 21 juillet 2021 : Signature d’accords de sécurité entre le Niger et la Turquie, portant sur le renforcement des capacités des forces de défense nigériennes, notamment dans la lutte contre le terrorisme.
  • Décembre 2023 : Signature d’accords de coopération militaire entre le Niger et la Russie, visant à renforcer les capacités de défense et les dispositifs de renseignement.
  • Janvier 2024 : Annonce de l’intensification de la coopération militaire entre Niamey et Moscou, avec la livraison d’équipements et l’envoi d’instructeurs russes.
  • Mai 2025 : Rupture officielle par le Niger des accords de renseignement militaire avec la Russie et la Turquie.

Ce recentrage des partenariats de sécurité intervient dans un contexte régional marqué par l’instabilité et la nécessité pour le Niger d’adapter sa stratégie face à l’évolution des menaces et des alliances.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.