Accord politique guinéen: “Dans un contentieux électoral, Il n’y a pas de place possible pour le consensus politique, à moins qu’on…” Aissatou Cherif Balde (politologue)

Accord politique guinéen: “Dans un contentieux électoral, Il n’y a pas de place possible pour le consensus politique, à moins qu’on…” Aissatou Cherif Balde (politologue)

Un consensus peut être un accord politique entre des partis politiques dont les vues sont différentes à propos d’une ou de plusieurs questions en vue de rapprocher les positions des unes et des autres de dépasser leurs différends, d’adopter une position commune qui les arrangerait toutes sans qu’aucune d’entre elles ne se sente vaincue. C’est ce qui survient lorsqu’on arrive à une impasse et que l’intérêt général se trouve menacé.

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Donc cette solution qu’impose les circonstances du moment dans une phase de transition démocratique comme celle que connaît la Guinée a le mérite de faire éviter le pays des crises, si elles ne sont pas résolues à temps risquent de s’accentuer et d’exploser à tout moment, au quel cas personne ne serait épargnée. Mais ce consensus politique qui demeure un principe pratique efficace pour résoudre des situations conflictuelles, ne peut et ne doit-être transposé dans le champ théorique de la démocratie sans lui ôter son âme. Adopter une telle pratique en politique c’est dénaturer les exigences fondatrices de la démocratie, car la démocratie originellement c’est le pouvoir ou gouvernement assuré par le peuple. C’est le gouvernement de tous pour tous. Et faire appel d’un consensus politique dans un contentieux électoral demeure une négation pure et simple de la démocratie. On ne peut pas continuer à gérer des situations et régler des différends émergents entre les protagonistes par un consensus politique.

Dans un contentieux électoral, Il n’y a pas de place possible pour le consensus politique, à moins qu’on veuille supprimer les élections. Car les questions litigieuses liées à la phase électorale doivent être tranchées par les urnes et pas autrement. Il s’agit là de deux processus différents qui ne peuvent fonctionner ensemble. La présence de l’un annule celle de l’autre.

Si mouvance et opposition en Guinée étaient des vrais démocrates, ils n’allaient pas se substituer à la volonté des électeurs. Mouvance et opposition sont entrain de mettre le peuple de Guinée sous tutelle et décréter leurs incapacité à choisir ce qui leur conviendrait le mieux. Les élections sont l’occasion de départir démocratiquement les voix, c’est une compétition volontaire où les électeurs sont invités à choisir ceux parmi les candidats les mieux aptes à les gouverner. Faire intervenir d’autres procédés et changer les règles sur le terrain de jeu égalitaire et responsable, c’est ôter toute qualité de citoyens aux guinéens et toute liberté à leurs volonté.

Mouvance et opposition comment voulez-vous responsabiliser le peuple de Guinée et leur apprendre la démocratie, la culture politique si vous les privez de tels droits ? Une telle attitude ne pourrait que faire d’eux des sujets qui acquiescent servilement au bon vouloir de ceux qui veulent les guider comme un troupeau de moutons. Avec ce genre de comportement d’une élite irresponsable, égoïste et égotique, nous ne pouvons jamais avoir une transition démocratique stable avec des institutions démocratiques consolidées.

Aissatou Cherif Balde

Politologue, Allemagne

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