𝐋𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐞𝐱𝐢𝐥é à s𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐫𝐞̀𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐬œ𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧𝐧𝐞

À vous, mes confrères et consœurs,
À ceux devenus chroniqueurs du silence,
À celles et ceux qui résistent encore au silence dominant et à la dérive autoritaire imposante,
À tous, propagandistes malgré eux ou pas.
Vous allez bien j’espère ? Ou devrais-je dire : êtes-vous bien tenus par les tenailles de la censure sans mesure ?
Depuis mon exil ‘’𝐟𝐫𝐮𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞́𝐛𝐨𝐫𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐯𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐞́’’, je vous observe, je vous lis. Mais surtout, j’entends le bruit assourdissant du silence. Celui qui étouffe tristement et progressivement l’espace médiatique guinéen, pendant que certains parmi vous saluent, célèbrent et glorifient cette dérive, dans une indignité honteuse.
En cette nuit du 3 mai, où la liberté de la presse est célébrée ailleurs, je vous écris. 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐨𝐥𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞́𝐞 𝐬𝐚𝐜𝐫𝐞́𝐞 𝐧𝐞 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞𝐯𝐞́ 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐆𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞. 𝐏𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥’𝐨𝐛𝐬𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ 𝐲 𝐫𝐨𝐧𝐠𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞.
J’aurais voulu que cela se passe sous le regard des aînés. Ceux qui ont exercé ce métier avec dignité, intégrité et responsabilité. J’aurais aimé qu’ils puissent témoigner du spectacle affligeant 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐫𝐞̀𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐦𝐚𝐫𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐦𝐨𝐫𝐚𝐥𝐞, 𝐧𝐢 𝐞́𝐭𝐡𝐢𝐪𝐮𝐞. Qu’ils puissent dire aux jeunes journalistes que ces figures ne sont ni des modèles, ni des références, sauf pour ceux qui pratiquent ce métier pour le ventre et le bas-ventre.
𝐐𝐮𝐢 𝐚𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐜𝐫𝐮 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐞𝐧𝐝𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐭-𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐨𝐟𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐥 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐣𝐮𝐧𝐭𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐟𝐨𝐢 𝐧𝐢 𝐥𝐨𝐢 ? Que vos plumes jadis tranchantes, vos micros rebelles et vos caméras libres, se tairaient face au CNRD, cette nouvelle monarchie en treillis qui fait de l’autocensure, l’imposture et la compromission, la forme supérieure de loyauté patriotique.
La fermeture des micros de Hadafo, de Djoma et de FIM vous a-t-elle ôté la voix ? 𝐕𝐨𝐬 𝐜𝐚𝐫𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭-𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐞́𝐝𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧, 𝐚𝐮 𝐧𝐨𝐦 𝐝’𝐮𝐧 𝐩𝐫𝐞́𝐭𝐞𝐧𝐝𝐮 « 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ » 𝐚𝐮 𝐠𝐫𝐞́ 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 ?
La confiscation de vos caméras vous a-t-elle empêché de voir se perpétuer les tristes réalités contre lesquelles vous étiez braqués au nom de la société ?
Je sais, la peur rôde face à une junte armée qui surveille, qui convoque, qui sanctionne, qui ferme des médias, qui kidnappe des journalistes et activistes et qui fait disparaitre sans que personne ne se lève pour exiger leur remise en liberté.
Ce n’est pas votre prudence qui me ronge. Elle est humaine. C’est le zèle. Cette course servile vers l’oppression, cette envie de maquiller l’autoritarisme en nécessité nationale.
Pendant ce temps, des confrères croupissent dans l’oubli, certains entre la vie et la mort, d’autres, comme moi, sont en exil. Les plus dignes d’entre vous qui sont au pays se taisent pour survivre. 𝐄𝐭 𝐝’𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐫𝐞́𝐝𝐢𝐠𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐞́𝐥𝐨𝐠𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐨𝐧 𝐫𝐞́𝐝𝐢𝐠𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐛𝐮𝐥𝐥𝐞𝐭𝐢𝐧𝐬 𝐦𝐞́𝐭𝐞́𝐨𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐢𝐜𝐭𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞 : « 𝐜𝐥𝐚𝐫𝐭𝐞́ 𝐚𝐛𝐬𝐨𝐥𝐮𝐞 𝐚𝐮 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐭, 𝐧𝐮𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐦𝐢 𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 ».
Les plus cyniques d’entre vous diront que la liberté de la presse est un luxe en temps de transition. Je leur réponds que la servilité n’est jamais une obligation, même sous les bottes. Et surtout pas quand 𝐜𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐩𝐫𝐞́𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐢𝐫𝐢𝐠𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐚𝐫𝐫𝐢𝐯𝐞́𝐬 𝐚𝐮 𝐧𝐨𝐦 𝐝𝐞𝐬 𝐯𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐝𝐢𝐞𝐳 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐟𝐨𝐢𝐬.
Je salue cependant certains talents, hélas recyclés. 𝐂𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐨𝐧𝐭 𝐬𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐫𝐞́𝐝𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐮𝐧𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐮 𝐂𝐍𝐑𝐃, 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐞𝐧𝐜𝐞𝐧𝐬𝐨𝐢𝐫𝐬, 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐦𝐢𝐜𝐫𝐨𝐬 𝐞𝐧 𝐭𝐚𝐦-𝐭𝐚𝐦𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐚𝐠𝐚𝐧𝐝𝐞.
À les lire, tout va pour le mieux dans le meilleur des royaumes sécuritaires : l’armée protège, le chef suprême éclaire, la vérité se tait, ou elle obéit. Quant au journalisme indépendant, il semble avoir pris un congé sans solde, ou s’est vu reclasser en « 𝐚𝐠𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝’𝐮𝐫𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞 ».
Chaque jour, les citoyens s’interrogent. Où est passée cette presse qui leur prêtait une voix ? Qui exhibait leurs préoccupations au quotidien ? Qui inspirait espoir et confiance ? 𝐌𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐡𝐮𝐭. 𝐍𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐛𝐥𝐞𝐫 𝐥’𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐝𝐢𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬. 𝐒𝐮𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐜𝐞𝐭 𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞 𝐮𝐧𝐢𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞 𝐞𝐭 𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬.
Certains appelleront cela “prudence”, moi je l’appelle complicité molle. Ce que vous nommez « période exceptionnelle », je le vois comme le début de la fin du journalisme libre. Et ce que vous acceptez aujourd’hui sans broncher, vous le retrouverez demain dans les manuels d’histoire à la rubrique : abdications collectives, entre trahison et déshonneur.
Heureusement, il reste des irréductibles. Des anonymes, des précaires, des têtus. Celles et ceux qui, même sans carte, sans antenne, sans réseau, continuent de chercher, de creuser, de dire la vérité qu’elle plaise, ou qu’elle blesse. Ceux-là font honneur au métier, pendant que des fourbes continuent de le déshabiller pour l’abîmer. Car la liberté de la presse ne meurt pas d’un coup. Elle s’éteint par enchaînements de renoncements, maquillés en « choix éditoriaux ».
Si j’avais encore le droit d’être écouté, je vous dirais simplement : Réfléchissez, résistez et refusez d’être réduits au silence, incapable de remplir votre rôle fondamental qui est celui d’informer librement, de questionner le pouvoir et de défendre l’intérêt public. 𝐑𝐞𝐟𝐮𝐬𝐞𝐳 𝐝’𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐝𝐨𝐜𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐝’𝐮𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐚𝐫𝐦𝐞́ 𝐝𝐞 𝐦𝐞𝐧𝐬𝐨𝐧𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐧𝐢𝐩𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐚𝐜̧𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞̂𝐭𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭𝐞́ 𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞. Ce n’est pas cela le journalisme. Ce n’est pas pour cela que nous avons choisi cette vocation exigeante, parfois périlleuse, mais essentielle à toute démocratie digne de ce nom.
Oui, je reconnais qu’il y a des pressions, des menaces, de la précarité. Mais je refuse de croire que la résignation soit la seule voie possible. Il nous reste une responsabilité morale et collective : refuser la compromission, défendre notre intégrité, rappeler que sans liberté de la presse, il n’y a ni démocratie, ni justice, ni vérité, ni paix durable.
À celles et ceux qui, malgré tout, continuent à enquêter, à écrire, à dénoncer : vous avez mon soutien, ma solidarité et mon respect.
Je rends ici un hommage vibrant au Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée. 𝐔𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐧𝐬𝐞́𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐮𝐥𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐦𝐨𝐧 𝐟𝐫𝐞̀𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐚𝐦𝐢 𝐇𝐚𝐛𝐢𝐛 𝐌𝐚𝐫𝐨𝐮𝐚𝐧𝐞 𝐂𝐚𝐦𝐚𝐫𝐚, 𝐚̀ 𝐅𝐨𝐧𝐢𝐧𝐤𝐞́ 𝐌𝐞𝐧𝐠𝐮𝐞̀ 𝐞𝐭 𝐚̀ 𝐁𝐢𝐥𝐥𝐨 𝐁𝐚𝐡, 𝐞𝐧𝐥𝐞𝐯𝐞́𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐝𝐮 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞́.
À ceux qui se taisent ou se compromettent, souvenez-vous : l’Histoire est un juge plus sévère que n’importe quel régime éphémère.
Et à celles et ceux qui tiennent encore debout, souvent dans l’ombre : tenez bon. L’intégrité ne paie peut-être pas, mais elle se regarde droit dans les yeux.
Les dictatures passent. Les archives restent.
La presse n’est pas l’ennemie du peuple. Elle est, elle reste, sa voix qui lui donne la liberté.
𝐉𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐧 𝐞𝐱𝐢𝐥,
𝐓𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐢𝐛𝐫𝐞, 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞𝐛𝐨𝐮𝐭, 𝐦𝐚𝐥𝐠𝐫𝐞́ 𝐭𝐨𝐮𝐭.